Au sein d’une pièce de théâtre où le pouvoir habituel du langage verbal est réduit, le dramaturge a besoin d’inventer une solution nonverbale afin d’extérioriser les non-dits. Il faut tenir compte d’une partie d’une scène qui n’est pas faite des mots mais du langage de la scène et du langage du corps. Le théâtre dépasse la simple parole, il sort du domaine de l’articulation des mots, et met en relief tous les détails ainsi que la scène, les gestes, les mouvements, les changements et même la lumière. Le langage scénique vient s’ajouter au langage présent et fait voir tout ce qui ne relève pas du simple échange dialogique, autrement-dit, tout ce qui est dissimulé dans le langage. Cette approche concernant des images scéniques nous conduit à approfondir les non-dits des pièces dramatiques d’Eugène Ionesco à travers les idées d’Arnaud Rykner selon qui il faut «redonner à la scène son pouvoir» (Rykner, 2010: 12). Nous allons analyser les aspects scéniques des pièces de Ionesco qui étaient ignorés sous la domination de la crise du langage et qui se manifestent par le langage de la scène et offrent une signification saisissable.