Le champ littéraire contemporain témoigne de la profusion d’écritures de soi, avec une grande diversité et inventivité. Cette prédilection esthétique pour l’écriture de l’intime se révèle notamment dans de nombreux récits, écrits par des femmes, entre autres, les récits de deuil, faisant l’objet de nombreuses publications depuis quelques décennies. Le présent article se propose d’enquêter la pratique thanatographique d’Annie Ernaux et de Louise Dupré, qui mettent en mots leur expérience de la perte de leur mère, en commémorant la vie avec cette dernière et en dévoilant leur enfance et leurs conflits avec la progénitrice. Or, force est de constater que cette écriture de deuil, ayant reflété une présence quasi-totale de la figure maternelle qui l’emporte dans le texte, donne l’occasion à la fille d’aménager, dans le texte, un espace d’autodécouverte. Chez elles, l’écriture de deuil se manifeste tantôt comme l’écriture de l’autre, la mère en l’occurrence, tantôt comme l’écriture de moi. C’est ce que l’on se propose d’étudier à la lumière des théories de critique littéraire générique au féminin.